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Congrès International sur les mammites

Crédits Photos : FIL IDF

La génétique, un levier pour mieux maîtriser les mammites chez les vaches laitières

Le Congrès International sur les mammites s’est tenu en France du 7 au 9 septembre 2016, à Nantes. Réunissant plus de 300 participants, venant de 29 pays, toutes les thématiques autour des problèmes de mammites y ont été abordés : Les pratiques de traite, les traitements au tarissement, la conduite des animaux, les résistances aux antibiotiques, les plans de prévention en élevage des différents pays, les travaux de recherche sur l’immunité, les outils de contrôle des mammites ... A ce titre, la France a présenté la génétique comme un des moyen de prévention des mammites en élevage, chez les bovins laitiers. Ce diaporama explique comment l’amélioration génétique des caractères de santé de la mamelle s’est mise en place en France.
En France, les mammites cliniques sont la maladie la plus fréquente (40 cas pour 100 vêlages en moyenne), la plus pénalisante et donc la plus coûteuse en élevage laitier. Elles coûtent en moyenne 230 €/vache ayant présenté une mammite/an. La perte de revenu peut aller jusqu’à 30 € pour 1000L de lait (sources INRA, UMT santé des Bovins, CNIEL).

20 ans d’amélioration génétique

La sélection d’animaux résistants aux infections mammaires a débuté dès 1997 pour les bovins laitiers, avec la mise en place de l’indexation des cellules somatiques dans le lait (index « CEL »). En effet, les animaux sélectionnés pour avoir des taux de cellules bas dans leur lait sont également plus résistants aux mammites cliniques. L’index « CEL » a ensuite intégré l’objectif global de sélection (ISU) des races bovines laitières en 2001, de façon à améliorer plus efficacement les niveaux génétiques des taureaux et des vaches sur ce critère. Puis en 2010, l’index « mammites cliniques » (« MACL ») basé directement sur l’enregistrement en élevage des mammites cliniques a été mis à la disposition des éleveurs. Les objectifs de sélection des différentes races laitières ont été révisés en 2012 pour tenir compte de ce nouvel index. Il a été combiné à l’index cellules dans un index synthétique « santé de la mamelle » (« STMA »). La race montbéliarde l’intègre aujourd’hui avec une proportion de 14,5% dans ses objectifs, la race prim’holstein 18%, et la race normande 18,5%.

Des index qui se traduisent en euros

Le programme OSIRIS a permis de chiffrer l’impact économique de la sélection génétique. Un gain d’un point d’index mammites cliniques améliore le revenu de 20 €/vache/an. Sur un troupeau de 60 vaches, l’amélioration génétique des cellules, avec passage de 200 000 à 180 000 cellules / mL permet d’améliorer son revenu de 930 € par an.

La génomique, au service des caractères santé de la mamelle

Les nouveaux outils de la génomique favorisent le progrès génétique sur la santé de la mamelle. Grâce au génotypage, l’éleveur peut avoir accès très tôt à la valeur génétique de sa génisse pour la santé de la mamelle. Cela facilite ses choix pour son renouvellement et la gestion des accouplements. Depuis 2012, les jeunes taureaux proposés aux éleveurs sont améliorateurs en santé de la mamelle. Et dans la plupart des races, on constate une évolution génétique positive de la santé de la mamelle des femelles.

Les résultats cellules sont toujours une combinaison d’un niveau génétique et des conditions d’élevage

La génétique est un outil pour maitriser les cellules et les mammites en élevage. Mais c’est au final lorsque les conditions d’élevages deviennent les moins favorables, que l’importance d’avoir un bon niveau génétique prend tout son sens. En effet, dans ces conditions, les filles issues de pères "détériorateurs" pour les niveaux cellulaires ont en moyenne 29% de contrôles laitiers dépassant les 300 000 cel/ml, contre 13% si elles sont issues de taureaux améliorateurs. La génétique se raisonne à moyen/long terme, et permet d’améliorer progressivement la résistance aux mammites de ses animaux. Cela ne doit évidemment pas remplacer les bonnes pratiques d’élevages, qui restent le seul moyen de contrôler les niveaux cellules à court terme. Une bonne génétique et de bonnes pratiques d’élevage permettent une réduction des comptages de cellules somatiques, comme on l’observe actuellement au niveau national.

Les comptages de cellules somatiques du lait : un critère de sélection pour la résistance aux mammites des chèvres

Chez les ruminants, il existe une variabilité génétique de la résistance aux mammites. La prise en compte dans les schémas de sélection se fait au travers d’un critère indirect, les concentrations cellulaires du lait ou Comptage de Cellules Somatiques (CCS). L’héritabilité de ce caractère varie entre 0,13 et 0,24 dans les principales races laitières. Dans l’espèce caprine, différentes étapes ont conduit à la prise en compte de ce caractère dans le schéma de sélection.

Des niveaux de cellules en augmentation

Un bilan des données CCS a été réalisé pour l’espèce caprine dans le cadre du projet CASDAR Mamovicap. Depuis une quinzaine d’année, les CCS sont en augmentation : la hausse moyenne est de 675 000 cellules/ml en Saanen (+55%) et 485 000 cellules/ml en race Alpine (+43%). La tendance s’accélère sur les dernières campagnes de collecte. Il existe des différences entre les deux races qui s’accentuent au cours du temps. Les facteurs de variation les plus importants sont le rang et le stade de lactation, la période de mise bas et le niveau de production des chèvres.

Un lien démontré entre cellules et santé des mamelles

Une expérimentation a été conduite sur l’unité expérimentale INRA de Bourges. L’objectif était de créer des lignées divergentes sur les concentrations cellulaires. Sur les campagnes 2010 à 2014, la concentration cellulaire de la lignée CCS+ était de 1 471 000 cellules/ml et celle de la lignée CCS- de 930 000 cellules/ml. La prise d’échantillons de lait a permis de rechercher les agents pathogènes. La fréquence des échantillons positifs était significativement plus élevée dans la lignée CCS+ (51%), que dans la lignée CCS- (32%). Il existe une corrélation élevée entre la concentration cellulaire et le statut sanitaire des mamelles. Ces résultats laissent envisager qu’une sélection sur les CCS pourrait être un moyen efficace pour limiter les infections intra-mammaires et réduire la quantité de bactéries dans le lait.

L’index cellules est pris en compte dans l’objectif de sélection

Afin d’améliorer génétiquement la qualité sanitaire des laits et la santé des animaux, un modèle d’indexation a donc été développé pour les CCS dans les deux races. Le progrès génétique attendu a été estimé pour différentes combinaisons de l’index de synthèse (ICC) afin d’intégrer l’index cellules dans l’objectif de sélection. Le but était de trouver la combinaison qui permette d’espérer une diminution des concentrations cellulaires tout en maintenant un niveau de production laitière satisfaisant. En race Saanen, pour laquelle il existe une opposition génétique entre production laitière et CCS, le nouvel ICC laisse envisager une diminution annuelle de l’ordre de 0,7%, soit 11 000 cellules/ml de lait. En race Alpine, l’ICC actuellement utilisé a un effet favorable sur les CCS car il n’existe pas d’opposition génétique entre ce caractère et la production laitière. Cependant, en intégrant l’index cellule dans l’ICC, une réduction annuelle de l’ordre de 22 000 cellules/ml de lait pourrait être attendue.

 

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