Des programmes de sélection efficaces
Sélection des races ovines laitières

Une lactation moyenne de 288 litre en race Lacaune
Une lactation moyenne de 288 litre en race Lacaune - Crédit : OS Lacaune


La France est un acteur majeur de la production de lait de brebis dans l’Union Européenne, tant par la renommée internationale de ses fromages AOC que par celle de son offre génétique. Les 5 races françaises ovines laitières bénéficient de programmes de sélection dont les résultats permettent à la France d’être parmi les leaders mondiaux du secteur.

 Des progrès génétiques importants et réguliers

L’efficacité des programmes de sélection et de leur organisation collective a permis de générer un progrès génétique très important. Ainsi, en race Lacaune, le niveau génétique « production laitière » des béliers a gagné en moyenne 5.3 litres par an, soit un gain total de 110 litres en 20 ans ! Durant la même période, les taux butyreux et protéique ont eux gagné respectivement 0.19 g/l et 0.16 g/l par an.

Plus récemment, les aptitudes fonctionnelles bénéficient également d’un progrès génétique significatif grâce à la prise en compte dans le programme de sélection de la résistance aux mammites depuis 2002 et de la conformation mammaire depuis 2004.

Ces progrès importants et réguliers permettent aux races françaises d’atteindre des lactations de très haut niveau : 288 l pour la Lacaune, 193 l pour la Manech Tête Rousse, 167 l pour la Basco-Béarnaise,… Ces résultats sont associés à une remarquable richesse en matières utiles (73 g/l de matières grasses et 55 g/l de matières protéique par exemple en race Lacaune).

 Des programmes de grande ampleur

L’amélioration génétique des brebis laitières en France dans ses trois grands bassins d’élevage est fondée sur la sélection des races locales dans leur terroir respectif de production : race Lacaune dans le rayon de Roquefort, races Basco-béarnaise, Manech Tête Noire et Manech Tête Rousse dans les Pyrénées Atlantiques, race Corse dans son île d’origine.

Les objectifs prioritaires de sélection de chaque race évoluent au fil du temps en fonction des orientations décidées par leur Organisme de Sélection. Ainsi, pour la race Lacaune : augmentation de la production laitière (décennies 70 et 80), composition et aptitudes fromagères du lait (décennie 90) et enfin, depuis le début des années 2000, amélioration des aptitudes fonctionnelles (aptitude à la traite mécanique, fertilité femelle, résistance aux maladies telles que les mammites, …).

Avec 860 000 brebis en contrôle laitier (contrôle laitier officiel ou contrôle laitier simplifié), le cheptel français est le plus important cheptel européen en contrôle de performances. Plus des deux tiers des brebis laitières françaises sont ainsi en suivi technique

Le contrôle laitier officiel (CLO) est pratiqué chez les éleveurs « sélectionneurs ». Il concerne toutes les brebis en production. En race Lacaune, toutes les agnelles font de plus l’objet d’une évaluation morphologique (pointage) des mamelles. Les éleveurs « utilisateurs » bénéficient eux d’un contrôle laitier simplifié (CLS) conçu avec le double objectif de sélection intra-troupeau et d’intégration au processus d’appui technique.

 Une sélection exigeante des reproducteurs

Avec 490 000 femelles inséminées en race pure chaque année, l’IA est très largement développée malgré de nombreuses contraintes liées à l’espèce ovine. L‘utilisation de semence fraîche au temps de conservation très limitée (optimum de 5 à 8 heures) impose une collecte, préparation, et insémination dans la foulée. L’organisation des Entreprises de Sélection française permet cependant d’atteindre des taux de réussite variant de 55 à 75 % selon les races et les types de femelles (adultes ou primipares).

Au sein des élevages de la base de sélection de chaque race, l’IA est largement développée (de 30 à 80 % des femelles suivant les races) contribuant à la création puis à la diffusion du progrès génétique.

Parmi les jeunes béliers issus d’accouplements raisonnés au sein de ces élevages, les 2500 meilleurs sont choisis au sevrage pour être regroupés en centres d’élevage. Ils y seront élevés dans les mêmes conditions jusqu’à l’âge de 6-8 mois. Cette phase permet la maîtrise sanitaire et collective des mâles ainsi qu’un tri sur des caractères non laitiers (développement, standard de race, conformation, fonction sexuelle).

A l’issue de cette phase d’élevage, le quart supérieur de ces jeunes mâles, soit plus de 700 béliers, est retenu pour être évalués sur descendance. A l’issue du contrôle de production de toutes leurs filles, seuls les 250 meilleurs béliers sont finalement retenus comme améliorateurs pour être diffusés par insémination animale.

 Des programmes intégrant aussi les progrès de la sélection génomique

Depuis 2002, les programmes français d’amélioration génétique des races ovines bénéficient des progrès de la sélection génomique. Le Plan National d’Amélioration Génétique de la Résistance à la Tremblante classique a permis en effet d’intégrer la sélection des reproducteurs sur le gène PrP, conférant un niveau de résistance plus ou moins important aux animaux.

Les efforts ont portés sur l’élimination des allèles de sensibilité (VRQ et AHQ) et le développement des allèles de résistance (ARR/ARR). Plus de 670 000 génotypages, dont près de 15 % en races ovines laitières, ont permis de sélectionner sur ces critères les jeunes béliers candidats aux stations de contrôle individuel et au contrôle sur descendance .

Les résultats sont probants. Tous les béliers sélectionnés pour entre en station de contrôle individuel sont maintenant résistants (génotype ARR/ARR). Ce programme ayant concerné toutes les races ovines françaises constitue un exemple unique de sélection à très grand échelle d’un gène majeur.

Au delà ce cette première large utilisation de la génétique moléculaire, de nouveaux programmes de recherche/développement ont été lancé afin d’intégrer aussi les progrès technologiques du séquençage du génome (évaluation génomique) dans les programmes de sélection.

 

Chiffres clés

  • 3 663 élevages inscrits au contrôle laitier
  • 862 000 brebis en contrôle laitier
  • 481 000 femelles inséminées en race pure
  • 2500 béliers contrôlés en station
  • 715 béliers évalués sur descendance
  • 250 béliers retenus pour l’insémination animale
  • Un progrès génétique annuel moyen de 5,3 litres (race Lacaune)