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Une mission exploratoire au Nigéria

Malgré des difficultés économiques structurelles au cours des dix dernières années et la faible diversification de ses produits, l’économie nigériane a de nombreux atouts. Première économie du continent depuis 2014, son PIB de 450 milliards d’euros en 2019 représente 66 % de celui de la CEDEAO.

La consommation de produits laitiers a tendance à se développer avec l’évolution des régimes alimentaires. Les besoins sont estimés à 1 milliard de litres par an (CIRAD, 2018).

L’élevage bovin se présente essentiellement sous forme d’élevage pastoral dans le Nord du Pays. La plupart des bovins au Nigeria sont des races indigènes utilisées principalement pour la viande et l’épargnent ainsi que pour la production de lait. Les races exotiques comme la Holstein, la Brune, Jersiaise et leurs croisements sont courantes dans les systèmes laitiers plus intensifs. Les productivités par animal sont faibles (200 l/vache/an – CIRAD 2018), ce qui conduit à une forte dépendance du pays aux importations de poudre de lait.

Pour sortir de cette dépendance à la poudre de lait importée, les états du sud du Nigéria misent sur le développement de production laitière autochtone avec comme modèle des fermes sédentaires d’une centaine de vaches. Des financements de la banque mondiale importants sont mobilisables pour ce développement dans les 5 années à venir.

L’ensemble des acteurs rencontrés nous ont donc fait part de leur désir de développer la production laitière. Le seul projet concret visité a été une ferme de démonstration de Danone, tout juste achevée où nous avons vu arriver les premières vaches croisées. Il faudra encore plusieurs mois pour que cette ferme trouve son rythme de croisière et produisent régulièrement du lait.

Il existerait donc des opportunités de développement d’activité à condition de concevoir (et d’accompagner des projets de bout en bout en intégrant tous les aspects de la production laitière (bâtiment, sanitaire, alimentation et production fourragère, traite, transport et conditionnement ou transformation du lait). Ces opérations devront obligatoirement s’accompagner d’un volet important de formation, les Nigérians des états du sud n’ayant pas du tout de culture de l’élevage de ruminants. Enfin, compte tenu des difficultés de déplacement des européens dans le pays, ces opérations ne pourront se développer qu’en s’appuyant sur des réseaux d’entreprises françaises déjà en place comme IMV ou CEVA ou sur des partenariats avec des instituts de recherche et développement comme l’ILRI qui a une antenne au Nigéria.

Les éléments de prospective disponibles indiquent que la population du Nigéria va croître rapidement et se transformer fortement au cours des trois prochaines décennies. Entre 2015 et 2050, la population doublera pour atteindre près de 400 millions d’habitants et le nombre de personnes vivant dans les zones urbaines triplera, passant de 94 millions actuellement à 280 millions.

Le PIB par habitant va presque tripler pour atteindre environ 7 137 USD /h/an. En conséquence de ces changements, la demande de produits animaux augmentera de façon exponentielle : les projections indiquent que la consommation de viande de bœuf et de lait augmentera de 117 et 577 pour cent, respectivement (FAO GPS, 2018) toutefois le pays devrait rester importateur, y compris dans le scénario le plus optimiste.

Toutefois, pour l’heure, le Nigeria a mis en place des mesures protectionnistes (pour la production intérieure) relativement sévères qui interdisent les importations d’animaux et de certaines viandes : c’est le cas de la viande bovine. En tout état de fait, il convient a minima d’entretenir les contacts et de tenter de développer des actions de coopération type formations qui permettront de garder « un pied dans la porte » en attendant une libéralisation des marchés, et, en tous les cas, de maintenir une veille stratégique sur cette destination.